2023. Tan Kwank Liang rencontre Alain Ellouz lors d’un voyage de méditation. Il lui ouvre les portes de sa Fondation Alain Ellouz pour une résidence au cours de laquelle l’artiste fait une autre rencontre, l’albâtre. Né en Malaisie et diplômé d’un master en arts appliqués, l'artiste singapourien Tan Kwank Liang puise dans le réservoir des motifs, symboles et techniques de la peinture traditionnelle chinoise, proche de l’estampe japonaise. Pour ses toiles d’albâtre, il a développé une technique qui mélange peinture et « shodo » (l’art de la calligraphie zen japonaise au pinceau), acrylique et encre de Chine (« sumi-e », la peinture d'encre noire). L’imprévu et la spontanéité du geste sont au centre du « laisser être » ou « laisser agir », une pensée qui déploie la dimension non anthropocentrique de la culture asiatique. Résonance du lien fort entre l’artiste et la méditation, l’exposition se présente comme une traversée mystique parcourue par une respiration.

Fondateur de l’Atelier Alain Ellouz et de la Fondation qui porte son nom, Alain se définit avant tout comme un artiste dans la mouvance de l’Art brut. Sculpteur par passion, Alain découvre l’albâtre en 1996. Cette rencontre va complètement changer sa vie. En 2005, il oriente sa nouvelle entreprise vers ses deux passions : l’art et l’albâtre. Après avoir collaboré avec sa directrice artistique Marion Biais Sauvêtre aux collections de l’Atelier Alain Ellouz, il décide en 2021 d’orienter ses recherches vers l’art. En mars 2022, lors de l’inauguration de sa Fondation, il présente ses premières sculptures monumentales en albâtre qui ornent le parc entourant le bâtiment ainsi que ses Pixels d’albâtre rendant hommage aux carrières d’albâtre. En octobre 2022, pour sa première exposition intitulée Chevauchées sur fragments d’albâtre, Alain Ellouz signe plusieurs œuvres dans la continuité de sa première série "Pixels d’albâtre" et innove le concept de la toile d’albâtre en compagnie de deux artistes invités : Bernard Pourchet et Alistair Danhieux.

D’origine anglaise, Alistair Danhieux vit et travaille dans la Nièvre à Saint-Amand-en-Puisaye, connu pour être le berceau des potiers. C’est là qu’il se forme à la céramique et développe sa pratique. Travaillant principalement le grès, Alistair orne ses créations de dessins appliqués au pinceau d’un seul élan à partir d’un mélange d’oxyde et d’émail. Il expose dans de nombreuses galeries en France et certaines de ses pièces se trouvent à la Cité de la céramique à Sèvres. Pour cette première collaboration artistique avec la Fondation Alain Ellouz, Alistair déploie son geste, guidé par le veinage de l’albâtre qui s’offre ici comme une toile.

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 1991, Bernard Pourchet exerce d’abord plusieurs années comme graphiste, avant de se consacrer exclusivement à sa pratique artistique. Il utilise l’outil numérique et un vocabulaire pictural emprunté au monde du design graphique comme moyen d’expression. La photographie constitue l’un des éléments de base de ses recherches, puisque c’est à partir de là qu’il extrait la matière graphique lui servant à composer ses créations numériques essentiellement destinées à être imprimées. Ses œuvres sont autant de cartographies de mondes imaginaires, invitant le regard à circuler dans les détails de l’image. Alain Ellouz a souhaité inviter Bernard Pourchet à composer ses partitions en dialogue avec la matérialité des toiles d’albâtre choisies par Alain. C’est dans la recherche d’un équilibre ténu entre la puissance graphique de l’albâtre et l’image imprimée qu’opère la magie de ces œuvres.

Artiste photographe, Christel Martin photographie les créations lumineuses de l’Atelier Alain Ellouz depuis de nombreuses années. Transportée par cette pierre, Christel crée en 2019 la série “Natures vivantes” en collaboration avec le peintre David Chambard où les pièces en albâtre rencontrent les toiles de Chambard. Rappelant les natures mortes, cette série rend hommage à la puissance vibratoire de l’albâtre tout autant qu’à la force des éléments présents dans la peinture de David Chambard. Suivront de nouvelles séries toujours inspirées par l’albâtre. Dans celle autour de la danse, Christel invite des danseurs à évoluer en présence d’éléments en albâtre, le mouvement des corps venant dialoguer avec la pierre. Une autre série autour du carré blanc d’albâtre met en scène la pierre dans différents paysages, désignant le carré d’albâtre comme le point focal.

Diplômée de à l’Ecole des Beaux-Arts de Versailles, Caroline Leite est artiste plasticienne pluridisciplinaire : dessinatrice, graveur, photographe et sculptrice. Explorant les notions d’empreinte, d’héritage et de mémoire, son travail questionne sans cesse le passage du temps. Ses sculptures de ruines de béton, ses travaux photographiques ou ses dessins de végétaux ou d’oiseaux agissent comme un révélateur du passé, soulignant l’équilibre fragile de nos mondes. Chacune de ses œuvres racontent une histoire, une sorte d’art pariétal contemporain. Composant avec l’albâtre de manière presque sculpturale, Caroline s’est laissée porter par les volumes, les dessins et la puissance vibratoire de la pierre.

Après les Beaux arts de Grenoble, Christine Solaï intègre en 2000 le Fresnoy, Studio national des arts contemporains. Elle y développe un premier spectacle chorégraphique mêlant vidéo et performance. Passionnée par le spectacle vivant, Christine collabore avec plusieurs compagnies de théâtre et de danse pour qui elle signe tour à tour la chorégraphie et la scénographie. Elle poursuit son travail filmique en alternant des films documentaires et des performances interrogeant entre autres la question de la transmission et de l’héritage chez les populations en exil. Sa rencontre avec Alain Ellouz donne lieu à une première collaboration en tant que co-curatrice sur l’exposition Chevauchées sur fragments d’albâtre dont elle dessine le parcours. Découvrant ses dessins de montagne, Alain l’invite à transposer son univers sur des pièces en albâtre. La surprise est totale, Christine découvre un nouveau support déjà écrit et chargé d’histoire. Jouant avec les veinures de la pierre, cette grande marcheuse retrouve dans cette pratique le plaisir singulier de ses randonnées en montagne.